Erik Satie, l'excentrique
Si l'on cherche la femme, derrière Erik Satie (1866-1925), on ne trouve qu'une relation amoureuse et quelques amitiés …
Le bohème poète de Montmartre- Portrait d'Erik Satie - Ramon Casas Evanston |
À Montmartre, Satie croise Bruant, Suzanne Valadon qui est sa voisine et son fils Maurice Utrillo. Il fréquente assidûment, pour y boire autant que pour y gagner sa vie, les cabarets de Montmartre, comme le Chat Noir ou il devient second pianiste dès 1891, l’Auberge du Clou avenue Trudaine, où il se lie d’amitié avec Debussy ( 1891) , le Divan Japonais qui deviendra la Divan du Monde, ou le Lapin Agile. Sa dégaine est celle du "gymnopédiste" : barbe hirsute, cheveux longs et haut-de- forme, vêtements sombres et lavallière.
Erik Satie, est un étrange personnage, excentrique même et provoquant pour ce qui est de la musique … Il suit dès 1879, des études au Conservatoire de Paris, où il y brille par son absence. Vers 1886, il adopte un mode de vie bohème et fantasque qui séduit nombreux artistes et musiciens.
Il compose, en 1888 : GYMNOPEDIES*, pour piano, 1890-1891 6 GNOSSIENNES, clôturant une première période d'œuvres très expressives et sensibles.
En 1891, Il adhère au mouvement des Rose - Croix à Paris, puis fonde à partir de 1895 une Église métropolitaine d'art de Jésus conducteur, dont il est le seul adepte. Parallèlement, il écrit des œuvres engagées au service d'une foi, d'un esthétisme ou d'une pure dérision : MESSE DES PAUVRES, (1895), PIECES FROIDES (1897).
1898 SATIE s'installe à Arcueil dans une chambre retirée, une tour d'ivoire où il ne laissera entrer personne, à part quelques chiens errants.
En 1905, Nouveau départ pour SATIE qui entreprend des études sérieuses de composition, à la Schola Cantorum, avec Vincent d'INDY et Albert ROUSSEL.
1917 Création de son ballet PARADE, commande de DIAGHILEV sur un argument de COCTEAU. Le scandale de cette œuvre propulse SATIE au premier rang de l'actualité.
1924 Composition du ballet RELÂCHE, associé au mouvement DADA. Lors de sa création, le rideau porte la légende : Erik SATIE est le plus grand musicien du monde ; quiconque est en désaccord avec cette notion est prié de quitter la salle.
1925 Mort de SATIE, pauvre et néanmoins célèbre, à l'hôpital Saint-Joseph à Paris.
Erik Satie, n'a peut-être aimé qu'une femme : Suzanne Valadon (1865-1938).
de Suzanne Valadon - Portrait d'Erik Satie | Puvis de Chavannes (1824-98) Suzanne_Valadon en 1880 |
Sa liaison avec Suzanne Valadon n'a duré que, comme il le note lui-même, du 14 janvier au 20 juin 1893. Suzanne Valadon a été d’abord trapéziste, puis peintre. Elle posait pour le peintre que Satie préférait, Puvis de Chavanne. Satie et Suzanne vont au Luxembourg et jouent à faire flotter des petits bateaux en papier. Ils ont des rapports très conflictuels. La nuit, ils dorment par terre sur une couverture, c’est la Bohême montmartroise. Suzanne peint un portrait à l’huile de Satie, c’est l’une de ses toutes premières peintures à l’huile. Elle dessine également un médaillon du profil de Satie sans barbe. De son côté, Satie dessine lui aussi Suzanne, et compose, un jour d’orage conjugal, les Danses gothiques. Il dédie à Valadon une œuvre minuscule "Bonjour Biqui".
Une fois, il s'accusa d'avoir tué Suzanne Valadon : Accourus sur place, les gendarmes n’avaient cependant pas trouvé de cadavre, car son entraînement d’acrobate avait permis à la jeune de femme de sortir sans dommage de cette aventure.
« Un après-midi où Suzanne, après avoir rendu visite à Degas, est montée chez Satie, le musicien tourmenté par un mauvais pressentiment lui à barré le passage : – Ne pars pas : Valadon s’est fachée : – Laisse-moi passer… je suis déjà en retard ! – J’ai déjà à peine le temps de te prendre dans mes bras que tu es déjà envolée ! Depuis que je t’aime, je vis dans l’appréhension de te perdre ! Alors qu’elle allait ouvrir la porte de force, il l’a saisi à bras-le-corps sa maîtresse qui s’est débattue. Après les protestations, les insultes ont jailli. Suzanne a traité le musicien de tous les noms.
Five O'clock avce Paulette Darty |
Emporté par la fureur, Satie a giflé l’enragée qui s’est mise à hurler. Pour étouffer ses cris, il l’a enfermée dans un placard. Un peu plus tard, un voisin alerté par le vacarme est venu délivrer Suzanne. Tandis que son amant s’effondrait à ses pieds en lui demandant pardon, la jeune femme à moitié asphyxiée a prié le voisin de la raccompagner chez elle. Cet esclandre a porté un coup fatal à une liaison déjà bien bousculée. Malgré ses supplications, Suzanne a refusé de revoir Satie pour lequel elle n’a plus que crainte et mépris. » Extrait de « Suzanne Valadon ou la recherche de la vérité » de Jeanne Champion.
On dit aussi, qu'Erik Satie aurait pu demander à Paulette Darty ( chanteuse ) de devenir sa femme, s'il n'avait craint de devenir « cocu », selon ses propres mots. Satie lui a composé, quelques titres, dont « Je te veux » (1904).
De gauche à droite : en bas à gauche, Germaine Tailleferre ;
au-dessus de face, Darius Milhaud ;
derrière de profil, Arthur Honegger ;
au fond, debout de profil, Louis Durey
de face, Francis Poulenc ;
en haut à droite, Jean Cocteau ;
assis à droite, Georges Auric
Il manque Luis Durey. Derrière l'épaule de Poulenc, figure Jean Cocteau, tout jeune, et l'homme à lunettes, au fond, est Jean Wiener, pianiste et compositeur français, ami du groupe. Enfin, créant le pivot de cette composition compacte qu'elle aère et anime par sa pose non conventionnelle, sa silhouette très élancée et sa jupe blanche aux délicates broderies bleues, la pianiste Meyer-Bertin pose une touche de lumière et de fantaisie à ce portrait de groupe
Erik Satie: Gnossienne No. 1, 2, 3
Pianist: Daniel Varsano