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Lecture des Mémoires de Casanova -5/.-

Publié le par Perceval

le film Casanova de 2005, Sienna Miller as Francesca Bruni, Heath Ledger as Giacomo

le film Casanova de 2005, Sienna Miller as Francesca Bruni, Heath Ledger as Giacomo

Si j'avance dans ma lecture des mémoires de cet aventurier, j'y trouve une certaine répétition de ton … Ce qui fait le détail de ses voyages et déplacements, m’accroche plus que la longue liste de ses expériences sexuelles ; elles concerneraient - il paraît, selon ceux qui les ont comptées – 122 femmes .. !

Je pense que l’ouvrage n'est pas à lire d'un seul tenant... On peut s'en amuser de temps en temps …

Alors, que dire, pour en finir ici... ?

 

Casanova, traverse la fin d'une époque en parfait aventurier : « La pensée de me fixer quelque part m’a toujours répugné et une vie raisonnable m’a toujours paru complètement contre nature »

Casanova de Félini - 1976

Ses longues mémoires, ne sont peut-être pas d'une haute qualité littéraire, avec parfois, cependant, des tournures flamboyantes... Elles sont et restent scandaleuses, elles sont – peut-être pas en détail – le reflet d'une vie tumultueuse, et sa biographie reste longue, mais captivante …

 

Peut-on lui faire confiance, alors qu'il a trompé tant de monde … ? Déjà, son nom :

D’après ''l’ Histoire de ma vie'', ce serait lors de la grande affaire de Casanova avec Mme d'Urfé, qu'il invente son nom : ''chevalier de Seingalt ''… peut-être, d’après le toponyme suisse Saint-Gall, que l'on rapproche de l'ésotérique Paracelse … ? Casanova fait une partie de sa fortune grâce à la crédulité de la riche Madame d'Urfé férue d’alchimie...

Chevalier, parce qu'il faut indiquer une vague qualité aristocratique, et de plus titre maçonnique qui ajoute un peu de mystère … Casanova ne craignait pas de signer les registres de loge, où il passait, du titre ultime de 33e degré... !

 

Casanova devient célèbre en s'échappant de la terrible prison des Plombs de Venise, où il est resté deux ans... Du fait de ses aventures galantes ; mais qui lui ont permis de rencontrer l'abbé de Bernis, futur académicien, ambassadeur de Louis XV à Venise ; avec qui il partage les faveurs d'une religieuse ( nommée : M.M.) … A Paris, Bernis, le soutient, l'appuie dans un projet de Loterie, dont il s'approprie la paternité … Casanova fait la connaissance de d'Alembert à Paris, à cette occasion en 1757, et, par la suite, est devenu son ami.

« La troisième fois que je suis retourné à Paris, c’est en 1783 qui se situe sa dernière courte visite, avec intention d’y rester jusqu’à ma mort, je comptais sur l’amitié de M. D’Alembert, et il mourut quinze jours après celui de mon arrivée, vers la fin de l’année 1783. »

 

Stefan Zweig, conclue ainsi, le portrait qu'il fait de Casanova :

« ce qui montre le génie de Casanova, ce n’est pas la façon dont il écrit et conte sa vie, mais la façon dont il l’a vécue »

Portrait de Casanova, par le prince de Ligne :

Le Prince de Ligne (1735-1814) a fréquenté Giacomo Casanova dont il devint l'ami intime, Wieland, Germaine de Staël, et a correspondu avec Rousseau, Voltaire, Goethe, Frédéric II et la tsarine Catherine II (avec qui il a été en correspondance permanente).

 

« Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. Il a une manière de dire les choses qui tient de l’Arlequin balourd et du Figaro, ce qui le rend très plaisant. Il n’y a que les choses qu’il prétend savoir qu’il ne sait pas : les règles de la danse, celles de la langue française, du goût, de l’usage du monde et du savoir-vivre. Il n’y a que ses ouvrages philosophiques où il n’y ait point de philosophie ; tous les autres en sont remplis ; il y a toujours du trait, du neuf, du piquant et du profond. C’est un puits de science ; mais il cite si souvent Homère et Horace, que c’est de quoi en dégoûter. La tournure de son esprit et ses saillies sont un extrait de sel attique. Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable. Un million qu’on lui donnerait ne rachèterait pas une petite plaisanterie qu’on lui aurait faite.

Son style ressemble à celui des anciennes préfaces ; il est long, diffus et lourd ; mais s’il a quelque chose à raconter, comme, par exemple, ses aventures, il y met une telle originalité, une naïveté, cette espèce de genre dramatique pour mettre tout en action, qu’on ne saurait trop l’admirer, et que, sans le savoir, il est supérieur à Gil Blas et au Diable boiteux.

Il ne croit à rien, excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieux sur tout plein d’objets. Heureusement qu’il a de l’honneur et de la délicatesse, car avec sa phrase, « Je l’ai promis à Dieu », ou bien, « Dieu le veut »,il n’y a pas de chose au monde qu’il ne fût capable de faire. Il aime. 

Il convoite tout, et, après avoir eu de tout, il sait se passer de tout. Les femmes et les petites filles surtout sont dans sa tête ; mais elles ne peuvent plus en sortir pour passer ailleurs. Cela le fâche, cela le met en colère contre le beau sexe, contre lui-même, contre le ciel, contre la nature et surtout contre l’année 1725.

Il se venge de tout cela contre tout ce qui est mangeable, buvable ; ne pouvant plus être un dieu dans les jardins, un satyre dans les forêts, c’est un loup à table : il ne fait grâce à rien, commence gaiement et finit tristement, désolé de ne pas pouvoir recommencer.

S’il a profité quelquefois de sa supériorité sur quelques bêtes, hommes et femmes, pour faire fortune, c’était pour rendre heureux ce qui l’entourait. Au milieu des plus grands désordres de la jeunesse la plus orageuse et de la carrière la plus aventureuse et quelquefois un peu équivoque, il a montré de la délicatesse, de l’honneur et du courage.

Il est fier parce qu’il n’est rien. Rentier, ou financier ou grand seigneur, il aurait été peut-être facile à vivre ; mais qu’on ne le contrarie point, surtout qu’on ne rie point, mais qu’on le lise ou qu’on l’écoute ; car son amour-propre est toujours sous les armes. Ne lui dites jamais que vous savez l’histoire qu’il va vous conter ; ayez l’air de l’entendre pour la première fois. Ne manquez pas de lui faire la révérence, car un rien vous en fera un ennemi. Sa prodigieuse imagination, la vivacité de son pays, ses voyages, tous les métiers qu’il a faits, sa fermeté dans l’absence de tous les biens moraux et physiques, en font un homme rare, précieux à rencontrer, digne même de considération et de beaucoup d’amitié de la part du très petit nombre de personnes qui trouvent grâce devant lui. »

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