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L'Anima, le Graal et Jung

Publié le par Perceval

L'Anima, le Graal et Jung
Emma et Carl G Jung

Carl Gustav Jung (1875-1961), psychiatre et père de la ''psychologie analytique'', a fait référence dans son autobiographie au mythe du Graal – En 1936, alors qu'il est en Inde, il souffre d’une dysenterie et approche la mort, il fait une série de rêves en rapport avec le Saint Graal. 

Il faut noter que Jung lisait alors : '' Mysterium conjunctionis '' les écrits d’un alchimiste de la fin du XVI°siècle, Gérard Dorn.

 

Il rapproche le Graal du ''Soi'' ; et définit l'animus et l'anima comme ''gardiens'' du Soi … Cependant, il a laissé à son épouse Emma Jung (1882-1955) , en faire l'étude systématique, qui a consacré une grande partie de sa vie à l’étude psychologique du mythe du Graal... ( *Emma Jung et Marie-Louise von Franz, La Légende du Graal, Paris, Albin Michel, 1988.).

À la mort d'Emma, Carl Jung grava sur une pierre : « Elle était la fondation de ma maison. » On dit aussi qu'il s'écria en la pleurant : « C'était une reine! C'était une reine! » (Sie war eine Königin! Sie war eine Königin!). L'épitaphe laissée par Jung sur la tombe d'Emma est la suivante : "Ô vase, signe de dévotion et d'obéissance."

 

« Maintes fois, Emma a été, pour Carl, un rempart contre des risques de dissociation. Deux circonstances particulières plaident en faveur de cette hypothèse. La première nous ramène à la période critique de sa plongée dans l'inconscient dans les années 1911 à 1913. La seconde est cette autre période qui suit son infarctus en 1944. Emma a dit que son mari fut, par moment, comme possédé par ses visions. Sa présence permanente et inconditionnelle, auprès de son lit d'hôpital, a permis ou obligé cet homme, fasciné et affaibli, à reprendre, finalement, pied dans la réalité. » Imelda Gaudissar dans son livre sur Emma Jung

« Suivre les chemins tortueux de la quête du Graal, explorer la symbolique des mythes ont été, pour Emma, une des voies d'accès à sa propre réalité inconsciente. Elle lui ouvrait les portes de la compréhension des grandes images archétypiques. » I. Gaudissar

La Quête du Graal constitue ainsi, et surtout, une image de cette lente et douloureuse maturation intérieure que Jung appelle le processus d'individuation.

Emma Jung fait une analyse des différentes versions de la légende du Graal sous un angle psychologique, et selon la méthode initiée par Jung …

Resté inachevé à la mort d'Emma Jung, son essai fut terminé, en parfaite continuité, par Marie-Louise von Franz, assistante de Carl-Gustav Jung et spécialiste de l'interprétation psychanalytique des contes de fée...

Emma Jung relève que l'homme médiéval, se confrontait à deux problèmes : * celui de sa relation avec le '' Féminin '' entre violence et idéalisation ( culte marial, et courtois...) et, * la question du Mal que Dieu, de façon incompréhensible, n'empêche pas, ou permet, ou même inflige...

 

L'histoire de Perceval ( Parzival) est celle d'un homme en devenir ; il va surmonter les échecs et les dangers, et chercher à accomplir la grande et belle tâche qui lui était assignée dès sa naissance. Au départ la chevalerie n'est qu'un objet de convoitise … Puis, au travers de nombreuses erreurs, il mûrit lentement et épouse son destin en devenant le meilleur des chevaliers, le seul qui puisse conquérir le Graal.

« La nature profonde de tout grain signifie le blé ; de tout métal, l’or ; et de toute naissance, l’homme. » Maître Eckart

 

Suivons l'analyse d'Emma Jung, en ce début d'apprentissage de Perceval :

 

Le chevalier rouge ( vermeil) dérobe la coupe d’or ( première allusion au graal …) et répand son contenu sur la robe de la reine : il commet une offense envers le principe féminin... Il est une sorte de double, ou l'ombre de Perceval... Perceval va intégrer cette identité, endosser son armure pour devenir chevalier … Il va devoir ''gérer'' son émotivité, sa brutalité, pour devenir un véritable chevalier chrétien... L'armure fait penser au 'masque' qu'est la 'persona' ( c.à d. ce n'est pas sa véritable nature )

Dans le contes populaires nordiques, les fées envoient des guerriers rouges ( les Siths) combattre les héros de notre monde... Dans le langage symbolique des alchimistes, un « homme rouge » apparaît comme la personnification de la 'prima materia' à partir de laquelle se construit la Pierre des Philosophes.

Gornemant de Goort.(Gurnemanz ..), - figure paternelle - lui enseigne l’art des armes et les vertus chevaleresques.

Au château de Beaurepaire , la châtelaine, la belle Blanchefleur (Condwiramur, dans Wolfram) représente la femme en détresse ( une des images du féminin..). Perceval vainc l'ennemi, et la belle lui accorde son amour, et gratifie la virilité de Perceval.. Le ''service d'amour'' permet à l'homme de prendre en compte la féminité, et intérieurement de son ''anima'' ( une personnification de l'inconscient)

« Si l’anima n’est pas projetée sur une femme, mais vit dans son monde, celui de l’âme, elle devient pour l’homme une médiatrice des contenus de l’inconscient. La Porteuse du Graal que Perceval rencontrera plus tard peut être tenue pour une médiatrice de cette nature. D’une manière générale, on trouve dans la littérature du Graal de nombreux personnages féminins qui portent le sceau de l’anima et qu’il faut considérer, moins comme des femmes réelles que comme des figures d’anima dotées de qualités surhumaines et de traits archétypiques. »

Je rappelle : Les archétypes seraient des structures ou des formes (schèmes de comportement) innées et inconscientes qui s’expriment, au niveau psychique, par le moyen de l’image et qui, devenant conscientes, s’amorcent dans ces phénomènes que nous appelons les symboles. Miche Cazenave, le rappelle : l’archétype est vide, c'est une forme ; et non pas une représentation en soi.  …

C'est la conscience qui remplit cette forme inconsciente ( en lien avec ''l'inconscient collectif''...)

 

Les Rêve et les mythe seraient donc les deux premiers espaces imaginaires dans lesquels l’archétype peut exercer son influence et déployer sa dynamique grâce à sa transformation formelle et énergétique en symbole.

 

La littérature médiévale est hautement symbolique, du fait de la relation étroite entre mythe et littérature à cette époque...

 

A suivre...

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