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L'amour et le sexe en Union Soviétique : 2/2

Publié le par Perceval

''Nouveaux citoyens'' de la nouvelle Russie - 1920
''Nouveaux citoyens'' de la nouvelle Russie - 1920

''Nouveaux citoyens'' de la nouvelle Russie - 1920

Dans les années vingt, un certain opportunisme révolutionnaire a permis quelques excès, ou curiosités … ''L'effondrement du vieux monde '' s'exprimait au travers de discours tels que ''le corps est déclaré comme un ensemble de rouages et l’amour pouvait désormais être considéré comme une manifestation d’instincts et un processus biochimique ordinaire....'' que le cerveau humain pourrait être contrôler au moyen d'ondes radio : '' Nouvel homme – Nouvelle vie ''…

À bas l’esclavagisme de la cuisine

 

Dans la société des années 20, on disait donc que satisfaire ses besoins sexuels devraient être aussi simple que de boire un verre d'eau. Cependant Lénine, n'approuvait pas cette théorie. Dans une de ses lettres à Clara Zetkin, il déclare: « De cette théorie du ''verre d'eau '', nos jeunes sont enragés.. C'est devenu le mauvais sort de beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes... »

Les années vingt c'est aussi l’excès : ainsi dans certains cercles de jeunes prolétaires, le viol des “bourgeoises”, des nobles, est perçu comme le triomphe de la justice de classe. Et, au début, le droit révolutionnaire ne punit pas plus sévèrement ces viols que le vol d’un hareng. De même, les “camarades” du Komsomol semblent ''disponibles'' ( du moins sont perçues comme telles par les hommes). Il était considéré plus normal d’avoir une relation sexuelle sans amour avec un membre du Komsomol que de payer une prostituée.

Membres du Komsomol de Galich  - 1920 à 1928
Membres du Komsomol de Galich  - 1920 à 1928
Membres du Komsomol de Galich  - 1920 à 1928
Membres du Komsomol de Galich  - 1920 à 1928

Membres du Komsomol de Galich - 1920 à 1928

<-- 8 mars, jour de rébellion des travailleuses contre l'esclavage de la cuisine

 

Au cours des années, la conclusion et la dissolution du mariage sont facilitées. Des affiches avec ces mots : “A bas l’esclavage de la cuisine!” Signifie qu’une femme libre ouvrière n’est pas obligée d’être une femme au foyer. On a même imaginé que les gens arrêteront de cuisiner à la maison et préféreront les salles à manger collectives, confortables et esthétiquement attrayantes...

Dans les années 1920, le nombre de viols explose !...Au point de devenir une menace réelle pour l’ordre public. Beaucoup de komsomols, en particulier à la campagne, se distinguent par leur débauche sexuelle. Les filles qui refusent d’avoir des rapports avec les fonctionnaires du Komsomol sont souvent exclues de l’organisation sous un faux motif...

Projet pour une exposition dans les années 1920. Sur l'affiche, il est écrit:

« Chaque membre du komsomol peut et doit satisfaire ses besoins sexuels », « Chaque membre [féminine] du komsomol doit lui venir en renfort, faute de quoi elle est une bourgeoise ».

 

En 1924, le psychiatre Aron Zalkind publie ''Les 12 Commandements Sexuels du Prolétaire Révolutionnaire'', et avance que « l’amour doit être monogame », que « les relations sexuelles doivent être le lien final dans la chaîne de sentiments profonds et complexes connectant deux personnes amoureuses ». Il enjoint le prolétariat à préserver son énergie sexuelle afin de garder ses forces pour la lutte des classes. Il convient selon lui de faire passer le collectif des travailleurs avant l’amour : « Il faut que le collectif soit plus attractif qu’un partenaire sexuel. »

« La vie sexuelle ne peut être autorisée que sous une forme qui contribue à l’accroissement des sentiments collectivistes, de l’organisation de classe, de l’activité de production, de création et de combat, ainsi que du désir de connaissance. »

 

On estime qu'il est nécessaire de calmer les ardeurs des prolétaires. Le concept d’amour libre est désormais présenté comme une sorte d’ivresse révolutionnaire dont il est temps de se débarrasser.

Dans les années 30, la discussion sur le sexe va être considérée comme quelque chose de honteux; et jusqu'aux années 80, le sexe est tabou …

L’ère stalinienne fut un temps de retour aux traditions impériales, des usages anciens et des vertus, et à la promotion de la famille... La culture met en valeur l'attitude chevaleresque du travailleur pour sa bien-aimée. Le régime veut freiner le nombre des divorces (qui atteignait 44 % du nombre des mariages au milieu de 1935). Les hommes infidèles risquent de devoir s'expliquer devant leur comité local du parti ou leur syndicat, et d'avoir de sérieux problèmes professionnels. Il devient de plus en plus difficile de divorcer... Staline interdit l'avortement et criminalise l'homosexualité.

Le sexe devient un sujet honteux et déplacé, et les femmes n'ont pas le droit d'acheter des préservatifs. Pourtant, des recherches observent qu'à cette époque les Soviétiques ont leurs premiers rapports sexuels plus tôt, se marient plus tard et adoptent les pratiques émancipées des occidentaux ; mais sans la liberté de parole qui permet de rendre la chose intelligible, on retrouve là un ensemble de comportements dépourvu de socle moral explicite.

 

L'avènement des magnétoscopes a provoqué l'import de l'étranger de films interdits en Union soviétique. "Emmanuelle", "Caligula" sont considérés comme le sommet de l'art du cinéma érotique. Les cartes postales érotiques sont également populaires... Les photographies obscènes sont très demandées, et sont vendues dans les trains... Un paquet de photos coûte le même pris qu'une bouteille de vodka ( 3 roubles). Les hommes peuvent acheter des préservatifs en pharmacie; ils demandent « un petit paquet » … Pour certains, le sexe est une forme de résistance au totalitarisme. Il y a peu de prostitution, trop chère … !

La femme au foyer, qui permet en occident à l'homme de retrouver à la maison, une belle femme charmante et agréable, ne peut être valorisée puisque les femmes soviétiques sont engagées dans la production et occupent souvent des postes dits «masculins» ; et cela ne les empêchent pas de se marier et d’avoir des enfants. La femme est toujours considérée comme la gardienne de la famille...

Et rappelons que les femmes des régimes communistes ne sont pas liées à leur conjoint pour de seules raisons financières. Elles peuvent choisir librement leur époux, et décider de rompre la relation en cas de mésentente. En cas de divorce, elles ne sont pas sans ressources, grâce à la garantie de l'emploi. On dit alors que les femmes ont une vie sexuelle bien plus épanouie que leurs homologues occidentales.

 

Filles avec des foulards. Défilé sportif sur la place rouge -1936

 

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