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L'amour et le sexe en Union Soviétique : 1/2

Publié le par Perceval

«Il n'y a pas de sexe en URSS»

Lors d'une émission diffusée le 17 juillet 1986, '' Les femmes parlent aux femmes '' a été prononcé ce slogan, repris ensuite « En URSS, pas de sexe »... ! Pourtant, bien sûr, des millions de citoyens soviétiques sont nés... Cela signifiait qu'à la télévision, à la radio, dans les journaux et dans les conversations de gens ''décents'', la sexualité n'était pas un sujet...

Le sexe était un moyen de reproduction, mais pas une source de plaisir... Pourtant l'attitude envers le sexe dans le pays des Soviets n'a pas toujours été la même...

«  On a vu un groupe de personnes monter nues dans le tram. Le tramway s'est arrêté et les gens étaient indignés », écrit Mijaíl Bulgákov dans son journal en 1924. Des jeunes femmes nues dans les rues de Petrograd exhibent des banderoles “À bas la pudeur !”

Plage nudiste près de la cathédrale du Christ-Sauveur et du Kremlin de Moscou, dans les années 20

Un décret du 18 décembre 1917 institue la laïcisation du mariage, l’égalité des époux et l’abolition de la différence entre enfants légitimes et illégitimes. Le lendemain, un deuxième décret, intitulé “Sur la dissolution du mariage” instaure le divorce. Dès la fin 1917, est affirmé le droit des femmes à la préservation de l'emploi en cas de grossesse (congés maternités), et la possibilité d'assurer des soins à leurs enfants pendant les heures de travail. Fin 1920, le pouvoir légalise l'avortement.

Durant les années 1920, environ 600 Soviets (la principales institution du pouvoir national) sont présidés par une femme.

Le philosophe anglais Bertrand Russel écrit après son son voyage en 1920 : « Il y a peu de prostitution, infiniment moins que dans n’importe quelle autre capitale. Les femmes sont plus respectées qu’ailleurs. »

Tout au long des années 1920, le désir d’accéder à une sexualité plus libre s'exprime fortement, puis perd progressivement en importance.

Alexandra Kollontái


 

Alexandra Kollontaï (1872-1952) – En 1917, elle est la première femme élue au comité exécutif du soviet de Petrograd, et participe au processus révolutionnaire. Commissaire du peuple à l’Assistance publique dans le gouvernement bolchevique, de novembre 1917 à mars 1918, elle a été la première femme ministre de l’histoire.

Dans La femme nouvelle (1918), elle écrit : « la classe ouvrière, pour accomplir sa mission sociale, a besoin non d’une esclave impersonnelle dans le mariage, la famille, une esclave qui possède les vertus féminines de la passivité, mais d’une individualité qui se soulève contre tout asservissement, un membre conscient, actif, qui profite pleinement de tous les droits de la collectivité de classe ».

L’amour libre est nécessairement caractérisé par la négation des principes de propriété privée et se doit d’être basé sur le respect de l’individualité et la liberté de l’autre.

Surnommée la “Walkyrie de la révolution”, elle préconise alors “la légalisation de la bigamie et de la polyandrie”. On lui doit la formule : “Pour un communiste, l’acte sexuel doit être aussi simple que boire un verre d’eau.” Elle subit de vives attaques, tant de Trotski que de Lénine, qui, redoutant qu’elle ne produisît un chaos social, qualifièrent sa conception de la liberté sexuelle et de l’émancipation de la femme de « décadente ».

Ivan Shahin. Jeunesse. 1933

Alexandra Kollontái promeut le concept de "femme nouvelle", libérée de l'oppression du mariage, du travail domestique et de l'éducation des enfants. Toutes ces tâches devraient être accomplies pour la société et par l'État. Pour Kollontái, l'amour devait aussi être libéré et les unions civiles doivent se substituer au mariage traditionnel.

Kollontaï explique qu’avec la paix est venu le temps d’ouvrir la voie à l’Éros ailé (l’amour sentimental), car pendant la guerre civile [1917-1923] régnait “l’instinct primitif de reproduction” ou “l’Éros sans ailes”. Il fallait alors préserver les forces morales du prolétariat des “émotions secondaires”. Pour Kollontaï, l’idéologie prolétarienne doit cultiver le sentiment amoureux entre les sexes, dans l’esprit d’une camaraderie solidaire. Et l’amour des uns envers les autres au sein du collectif ouvrier doit se subordonner à un sentiment supérieur l’amour-devoir envers le collectif.

À partir de 1922, elle cesse de se positionner publiquement sur les questions du parti, se dédiant exclusivement à son activité diplomatique, acceptant sans opposition les déviations de la nouvelle période stalinienne.

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