Du Féminin légendaire... - 4/.- Les nymphes. 1

Publié le 16 Juillet 2018 par Perceval

Catégories : #Nymphe, #Bonnes Fontaines, #Limousin, #Femme, #Mythes - légendes, #Contes

Nymphe - John William Waterhouse

On les appellent Nymphes ( la Ninfa) , nixes, ou ondines... Ces génies des eaux possèdent plusieurs apparences, et le plus souvent sous forme humaine. Ici, nous l'envisageons comme un esprit féminin des eaux de ruisseau, rivière ou lac …

Les ondines sont d'une grande beauté et elles attirent généralement les hommes qui sont instantanément séduits par leur charme sensuel. Elles passent des heures à se coiffer, assises sur les berges des eaux calmes.

On attribue l'alimentation en eau de certaines fontaines à des fées comme les ondines.. Il est ainsi de coutume de laisser quelques offrandes, ou d'y jeter des pièces...

Des traditions antiques, nous racontent la ''Ninfa'', comme une demi-déesse. Elle revient de d'au-delà et apparaît érotique ou mortifère ; créature amorale par-delà du Bien et du Mal… Elles peuvent faire l'objet d'un culte local...

« Ne souille jamais le lit des fleuves, ni la vasque des fontaines. Ne traverse jamais à pied les ondes sans en avoir salué le 'génie'. » Hésiode ( VIIIe s. avant J.C.).

La nymphe Jouvence est métamorphosée en fontaine par Jupiter : fontaine qui avait la vertu de rajeunir…

Les femmes des fontaines, peuvent rendre fous ceux à qui elles apparaissaient. D'ailleurs, on raconte que des fontaines sont nées soit du désir d'une fée (fade) de séduire un jeune homme, soit des larmes d'amour déçu... Il existe, ainsi, beaucoup de fontaines baptisées d'après un nom en rapport avec des fées : fontaines aux fées, aux demoiselles, à la Dame, aux Dames...

Parfois, également, c'est un homme qui surprend des fées quand elles se baignent... Elles le supportent en général, assez mal. Elles peuvent alors le séduire, et danser jusqu'à le noyer...

Les Dames du Lac. Merlin tombe, lui-même, sous le charme de Viviane. Il lui apprend sa magie, lui construit un palais de cristal qu'il ''cache'' au fond d'un Lac. Viviane, devenue la Dame du Lac, enlève Lancelot alors qu'il n'est qu'un bébé et l'éduque dans son palais. Elle est également celle qui donne l'épée ''Excalibur'' à Arthur.

Lancelot, est l'enfant du Lac... Dans le ''Lancelot'' le héros est empoisonné par l’eau d’une fontaine, menacé par la mort, il ne peut être guéri que par une vierge. De plus, il lui faut accorder - à contrecœur, évidemment - son amour à la fille, donc renier en quelque sorte Guenièvre, même si cet amour restera chaste.

En effet, l’eau de la fontaine envenimée semble à Lancelot si belle et claire, “qu’il en but outre mesure, parce qu’ il pensait que cela lui ferait du bien”, mais elle le transfigure en chevalier pourrissant, Ce n'est rien d'autre, sans-doute, que l’image symbolique de la passion qui le mine, de ce ''péché'' qui semble “le plus doux et le plus beau”, mais dont “la récompense est très amère”. Ainsi Lancelot, corrompu par l’amour charnel, n'est racheté que par la virginité de sa guérisseuse, la virginité qui lui est en quelque sorte sacrifiée.

Il existe d'autres lacs, ou des fées habitent un palais sous un lac et emmènent des jeunes gens qui leur manque de respect ou qu'elles séduisent... Il est conseillé de ne pas défier ou invoquer les dames du lac.

Le triomphe du Christianisme fit disparaître partiellement la pluralité des dieux Anciens … Le concile d’Arles de 452 ordonne que : «...les chrétiens ne doivent s’attacher ni aux fontaines, ni aux arbres et ne compter pour leur guérison que sur la miséricorde de Dieu…».. C'était sans compter sans la résistance populaire, qui a amené l’Eglise à plus de souplesse, et à s'approprier nombre de dévotions en les intégrant dans le culte des saints.

Camille Jullian a écrit dans sa monumentale Histoire de la Gaule (VI, Paris 1920, p.56) que : « la moitié de la vie dévote, pour le moins, se passe auprès des fontaines ; et les lieux de rendez-vous les plus populaires, ceux où l’on rassemble le plus d’idoles, de chapelles et de croyants, sont ceux où la multiplicité des eaux peut faire croire aux hommes que les dieux y tiennent assemblée ».

En Limousin, les fontaines furent christianisées, et seulement alors déclarées ''bonnes''... Ainsi, à Espartignac (19), c'est Saint-Martial lui-même, qui convertit la fontaine... Un jour d’été, sur son chemin, Saint-Martial rencontre une femme portant de l’eau ... Il lui demande un peu d’eau pour se désaltérer mais la femme passe sans s’arrêter. Mécontent de son refus, il lui dit : « Vous pourriez en avoir du regret car je viens vous porter une bonne nouvelle et je suis un ami de Dieu. Regardez et voyez de quelle manière je me venge de votre refus ». Et, frappant le sol avec son bâton, il fait jaillir une source limpide dont l’eau coule toujours. Une' bonne fontaine' qui soigne les maladies de peau ...

A Branceilles (19), on garde en mémoire que la fontaine abritait « une nymphe, qui accordait la pluie en temps de sécheresse, pourvu qu'on allât la lui demander en procession. Le christianisme venu, c'est à Saint-Martin, patron de la paroisse que s'adressent les demandes. » écrit l'abbé J-B. Poulbrière

En Limousin, d'ailleurs, on raconte qu'au temps jadis le Curé de Beaumont et celui de Saint-Salvadour s'étant arrêtés près d'un ruisseau, avant de le traverser, prirent quelques gouttes d'eau dans le creux de leur main, les répandirent vers les quatre points cardinaux en faisant des signes de croix, et quelques paroles... Ils reprirent chacun le chemin de sa paroisse ; et n'avaient pas fait cinq mètres chacun, que le tonnerre se mit à gronder, et qu'il tomba des torrents de pluie ou de grêle.

Il y a beaucoup à dire, ici en Limousin, sur les ''bonnes fontaines''... A suivre ...