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Le XVIIIe siècle : La femme et le libertin. - 17/. - Le corps mis en scène

Publié le par Perceval

Pour le libertin, l'accession au corps féminin, lors de la toilette intime, ou vêtu d'un seul déshabillé, correspond à une effraction fantasmatique et provoque le désir ...

La toilette :

« […] il ne suffit pas d’être belle ; on doit être encore attentive sur soi […] Il y a apparence que vous n’en connaissez pas trop l’usage : venez, que je vous montre, tandis que nous en avons le temps. » Aussitôt elle m’introduisit dans une petite garde-robe ; et m’ayant fait mettre à califourchon sur un bidet, elle m’y donna la première leçon de propreté. » Margot

Margot reçoit son amant « dans un déshabillé plus agaçant que coquet » : L’art que j’y avais mis était si voisin de la nature que mes charmes ne semblaient rien emprunter de mon ajustement. J’avais tout lieu de présumer de leur pouvoir ».

 

« Le lendemain on me mena chez le dentiste de Mme de Furiel, qui visita ma bouche, m’arrangea les dents, les nettoya, me donna d’une eau propre à rendre l’haleine douce et suave. Revenue, on me mit de nouveau dans le bain ; après m’avoir essuyée légèrement, on me fit les ongles des pieds et des mains […] ; on m’épila dans les endroits où des poils follets mal placés pouvaient rendre au tact la peau moins unie […]. Deux jeunes filles de la jardinière, accoutumées à cette fonction me nettoyèrent les ouvertures, les oreilles, l’anus, la vulve […]. Mon corps ainsi disposé, on y répandit des essences à grands flots, puis on me fit la toilette ordinaire à toutes les femmes, on me coiffa avec un chignon très lâche, des boucles ondoyantes sur mes épaules et sur mon sein, quelques fleurs dans mes cheveux […] ». Sapho à son entrée chez Mme de Furiel - Mathieu-François Pidansat de Mairobert, « Confession d’une jeune fille »

Une élégante à sa toilette par Michel Garnier

L'Art de feindre :

Le « goût bizarre de ces hommes pour les chimériques princesses de théâtre » l’Histoire de Mademoiselle Cronel dite Frétillon, écrite par elle-même...

Les femmes mettent en scène leur corps :

« les femmes savent mettre, sans paraître y songer, tant d’art à développer les grâces de leurs mouvements et le jeu de leur physionomie. » Le Diable au corps - Nerciat

 

« Alors je commençai à déployer sur le grand Théâtre, les talents que je m’étais donnés. Mon premier soin fut d’acquérir le renom d’invincible. Pour y parvenir, les hommes qui ne me plaisaient point furent toujours les seuls dont j’eus l’air d’accepter les hommages. Je les employais utilement à me procurer les honneurs de la résistance, tandis que je me livrais sans crainte à l’amant préféré. Mais, celui-là, ma feinte timidité ne lui a jamais permis de me suivre dans le monde ; et les regards du cercle ont été, ainsi, toujours fixés sur l’amant malheureux. » La marquise de Merteuil, joue sans cesse sur une identité double...

Le masque : « Je sentais fort bien que, si je cédais aux sollicitations qu’on me faisait pour me démasquer, ma cour dans l’instant diminuerait. La curiosité fait faire au bal les trois quarts des démarches que l’on y fait Je voulus jouir le plus longtemps qu’il me serait possible du plaisir de voir mes rivales humiliées par les préférences marquées que tout le monde s’empressait de me faire ; nous n’avions mis personne dans le secret ; Manon n’était point connue, et moi je ne l’étais pas assez pour craindre d’être devinée une première fois que je paraissais au bal. » Histoire de Mlle Brion dite Comtesse de Launay ( 1754)

 

Le 'masque' source d'erreur ( masculine) : « Ils se retirèrent ensemble dans un coin, et Angola, persuadé que c’était Luzéide, l’assura qu’il la connaissait et la conjura de se démasquer. Il lui jura que son coeur ne pouvait le tromper, et y joignit les protestations d’amour les plus tendres dont il put s’aviser. Le masque les recevait avec une froideur dont il était surpris. Il redoubla ses instances pour la faire démasquer ; mais quelle fut sa surprise lorsque, s’étant rendue à ses persécutions, elle défit son masque et offrit à ses yeux, au lieu des traits de Luzéide, ceux de Clénire, à laquelle il ne songeait nullement ! Il fut un instant pétrifié ; mais il avait trop de monde, et, par conséquent, trop de fourberie pour ne pas réparer promptement sa faute. » Angola , de La Morlière

 

« On l’avait averti qu’elle serait en blanc avec des réseaux d’or. Il se mit derrière une femme vêtue de cette façon qui était de la contredanse, et lui débita beaucoup de fadaises dans cet aimable fausset qui était consacré pour le bal, et qu’il entendait parfaitement. Elle y répondit dans le même goût, le lutina beaucoup, le trouva insupportable, se plaignit de sa folie outrée, lui leva plusieurs fois le taffetas de son masque, lui fit quelques-unes de ces questions qu’on applique à tout le monde, le reconnut, n’en fit pas semblant, joua la personne déroutée, feignit d’être ennuyée au possible de lui et de ses propos ; et, après la contredanse, le tira à part pour le gronder de ses persécutions, et bien résolue dans le fond à s’exposer à de plus essentielles. »

Clénire, qui est confondue avec Luzéide, se trouve en position de maîtrise puisque c’est son identité à elle qui est ignorée alors qu’elle-même connaît celle du masque masculin...

Et lorsque, la femme se dévoile, se « démasque », elle perd toute maîtrise sur elle-même et sur son corps, elle se laisse séduire plutôt qu’elle ne séduit...

 

Le XVIIIe siècle : La femme et le libertin. - 17/. - Le corps mis en scène
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