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Cordélia et le Roi Lear

Publié le par Perceval

Le roi Lear et ses filles, Chronica Majora de Matthew Paris, vers 1250

Le roi Lear et ses filles, Chronica Majora de Matthew Paris, vers 1250

''Le Roi Lear'' (1606) , de Shakespeare, reprend la figure légendaire de Leir, roi mythique de l'île de Bretagne à l'époque celtique précédant la conquête romaine et de sa fille Cordélia. Elle contient une double intrigue... Il y a d’un côté l’histoire du roi Lear lui-même avec ses trois filles, Goneril, Régane et Cordelia, et, de l’autre, celle du duc de Gloucester et de ses deux fils, le bâtard Edmond et son fils légitime, Edgar.King Lear Disinheriting Cordelia by John Rogers Herbert (1850)

Le vieux roi qui, lassé des tracas du pouvoir, va, par les preuves d’amour qu’il impose à ses trois filles, comme dans un conte de fées, (on compare souvent Le Roi Lear à Cendrillon) choisir de mettre fin à son règne et de tout donner à ses héritières. La décision, sans précédent, va créer la confusion et la division dans le royaume et entraîner le monarque dans la spirale de la folie.

 

Dans la grande salle du palais des rois de Grande-Bretagne, le vieux roi Lear réunit ses filles, leurs maris et son fidèle ami le comte de Kent. Il annonce son désir de se retirer du pouvoir et sa décision de diviser son royaume entre ses trois filles, Goneril mariée au duc d'Albany, Régane épouse de Cornouailles et Cordélia, la plus jeune, courtisée par le duc de Bourgogne et le roi de France. La plus large part sera offerte à celle qui saura lui déclarer qu'elle l'aime le mieux. Alors que les deux aînées n'hésitent pas à jouer la carte de la flagornerie, Cordélia se montre sobre et sincère en affirmant qu'elle devra un jour la moitié de son affection à un futur mari bien qu'elle aime profondément son père. king-Lear Goneril et ReganeBlessé par cette réserve qui pique d'autant plus son orgueil qu'elle émane de son enfant préférée, Lear déshérite Cordélia, partage le royaume entre les deux autres sœurs, la chasse impitoyablement et annonce qu'il ira vivre alternativement sur les terres de Goneril et de Régane avec sa suite d'une centaine de chevaliers. Le comte de Kent, proche du roi, s'oppose à ce traitement injuste et tente de faire entendre raison au souverain qui, excédé, le bannit également. Apprenant l'infortune de Cordélia, le duc de Bourgogne renonce à ses vues mais le roi de France, sa passion raffermie par tant de vertus qu'il juge plus précieuses qu'une dot, annonce que Cordélia régnera sur la belle France où elle trouvera mieux que ce qu'elle a perdu.(...)

Il y a les passages où Goneril, qui va délaisser son mari Albany, et Régane, veuve du duc de Cornouailles, vont toutes deux s’entretuer en se disputant l’amour du bel Edmond. Goneril empoisonne en effet Régane qui ensuite va se poignarder. (...)

Á la fin, Cordélia est pendue. Le roi Lear arrive en scène dans un état de chagrin au dernier degré et il porte sa fille morte dans ses bras...

 

 

 

 

Les adieux de Cordelia par Edwin Austin Abbey (1898)

 

D'inspiration préraphaélite – qui met le Moyen-âge est au cœur de l'attention car il évoque la dignité de l'homme et sa foi profonde – le tableau met en scène Cordelia en robe virginale en opposition avec ses sœurs, Goneril et Regan, vêtues de rouge et de noir. Lear, entouré de ses hommes et de ses pages, tourne le dos à ses trois filles.

L'oeuvre exprime avec force et élégance la grandiloquence de la confrontation entre père et filles au premier acte de la tragédie. Peut-être toutefois sa discrétion ne fait-elle qu'en augmenter le caractère touchant et tragique.

Cordelia est présentée au centre du tableau, en vierge harcelée par une masse hostile que constituent ses sœurs à gauche, son père et les hommes de la Cour à droite. Cette scène manichéenne met en valeur une Cordelia résignée confrontée au regard insolent, méprisant et lâche de ses sœurs, Regan et Goneril en noir et rouge tandis que Lear et son vieux chien quittent la scène. Davantage que par celle du roi, le peintre se préoccupe de la tragédie que vit la jeune femme. Son bras tendu donne de l'ampleur à sa présence dans la scène et tandis qu'elle reçoit un baiser de France, elle semble irrésistiblement fuir le regard provocateur de ses sœurs, toute happée qu'elle est par le mouvement de départ de son père.

George William Joy - Cordelia comforting her father, King

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