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Gabrielle Renaudot - Camille Flammarion

Publié le par Perceval

Je vous ai présenté : le sculpteur Jules Renaudot, et Maria Latini... Julia-Gabrielle est leur fille.

La première anecdote que nous découvrons, à propos de Gabrielle est sa rencontre avec Camille Flammarion...

Le point commun qui semble les réunir, est non pas un objet scientifique, mais l'intérêt pour l'occultisme... Même si, l’astronome Camille Flammarion, s’engage dans l’étude du spiritisme dans l'idée aussi de réconcilier la science et le spiritualisme.

L'occultisme semble d'ailleurs être le fil rouge de ce qui a rempli la vie de Laure Sallembier... ( à suivre)... Au XIXe siècle, le mot ''occultisme'' vient d’apparaître : il concerne la théorie et la pratique des sciences occultes... Papus (1865-1916), explique que la méthode des ''sciences occultes'' est basée sur l'Analogie, et permet d'étudier la partie invisible, occulte de la nature et de l'Humain...

Gabrielle Flammarion

Julia-Gabrielle Renaudot, est née à Meudon ( près de l'Observatoire d'astronomie physique …!)  le 31 mai 1877, du sculpteur Jules Renaudot et de Maria Latini, peintre d'origine romaine et modèle de la Salomé peinte par Henri Regnault... Elle est morte à Juvisy-sur-Orge le 28 octobre 1962.

 

Gabrielle est l'une des ces premières femmes à atteindre cette maturité réservée alors aux hommes. Alors qu'elle suit une formation universitaire, elle s'essaie au journalisme, puis à la littérature...

Gabrielle, attirée par la science du ciel, est enthousiasmée par les livres de Camille Flammarion ; elle lui est présentée en 1893. A 18ans, elle commence à travailler pour lui.

Titulaire d'une licence, inscrite à la Société astronomique de France dès 1902, elle collabore à son bulletin à partir de 1910. Elle adhère alors à l'association des journalistes parisiens.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, elle s'engage comme infirmière ; mais elle a quelques problèmes de santé sur le 'front'. En 1915, Gabrielle remplace le secrétaire de l'association Emile Touchet, mobilisé... Elle est alors astronome adjointe à l'Observatoire de Juvisy et travaille à rédiger le tome 3 de la Planète Mars... Camille Flammarion est considéré à l'époque comme l'astronome le plus célèbre d'Europe. Entouré de nombreux collaborateurs Camille Flammarion, anime l'observatoire de Juvisy, qu'il a fait construire ( à domicile).

 

Devenu veuf, Camille Flammarion épouse Gabrielle Renaudot le 9 septembre 1919, à la mairie d'Ermont.

<-- Dans le parc de l’Institut Météorologique. En première ligne de gauche à droite , le directeur de l’Institut Météorologique, Gabrielle Renaudot, Camille Flammarion, Bernard Vermont et le Major C. Sclia

 

Le 3 juin 1925 cette union intellectuelle, d'une grande harmonie, est soudainement rompue. Le grand savant meurt dans les bras de sa femme,

Désignée par lui comme directrice de l'Observatoire de Juvisy, et chargée de la publication de ses ouvrages posthumes, Gabrielle Flammarion est, élue secrétaire générale de la Société Astronomique de France, en remplacement de son mari.

Camille Flammarion

Revenons à Camille Flammarion (1842-1925), fort de ses livres de vulgarisation – il a fait paraître de son vivant, 55 ouvrages qui furent presque tous traduits dans différentes les langues - et ses conférences ; le scientifique à beaucoup de succès auprès des femmes... Lui-même n'est pas insensible, à la vénération dont il est l'objet, de certaines d'entre elles...

 

Il semble que le grand homme eu un sérieux penchant pour sa belle lectrice, Anne Laure de Sallembier...

Ce devait être vers 1895... Camille Flammarion, est certainement passé par Fléchigné, sans-doute pour une séance spirite... En 1861, Flammarion a découvert ''Le Livre des Esprits'' d’Allan Kardec (1804-1869), codificateur du spiritisme. Depuis, il associe complètement recherches astronomique, conférences, collaboration à de nombreuses revues, avec la fréquentation des milieux spirites et l'écriture de nombreux ouvrages sur les communications avec les morts...

Sylvie, Camille Flammarion et Gabrielle.

Camille Flammarion, a aussi écrit sur les femmes :

Rappelons qu'il eut deux épouses successives, Sylvie (1836-1919) et, précisément Gabrielle (1877-1962) sa collaboratrice, de trente-cinq ans sa cadette...


 

Dans un livre « Rêves étoilés » (1888), Camille Flammarion tient des propos qui collent à la mentalité de l'époque :

« Dans notre race humaine, la femme exerce un rôle spécial. Elle est faite pour aimer et pour être aimée. Elle se dirige surtout par le sentiment, pense avec son cœur plutôt qu’avec son esprit, est meilleure que l’homme (parfois plus mauvaise), sent vivement, ne raisonne pas froidement, ne calcule pas. Nous pouvons lui parler de science, d’art, d’histoire, de politique, d’affaires industrielles ou commerciales : tout cela l’intéresse plus ou moins mais ce qui l’intéresse avant tout, c’est son rôle personnel dans la marche du monde et ce qui s’y rattache, sa beauté, ses modes de séductions, sa toilette, ses parures. Elle vit par la vibration intérieure, elle aime, elle admire, elle se dévoue, elle a la foi, elle est religieuse, elle est poète, elle désire, elle se dévoue, elle raisonne à sa façon, rapportant tout à son but. Tout ce que nous pouvons lui dire en dehors de sa mission ne sert à rien, elle sent autrement que l’homme, et elle nous enveloppe de son charme, même dans ses contradictions. Son cerveau diffère du nôtre. »

Uranie de Camille_Flammarion

« Je n’ai pas à célébrer ici la beauté féminine, après tant de poètes, tant de peintres, tant de musiciens ; mais serait-il possible à l’homme d’imaginer un être plus admirable, plus splendide qu’une fille de vingt ans, une belle femme de trente ans ? »

 

En 1894, Camille Flammarion publie un roman d’anticipation '' La Fin du monde ''… En l'an 6000, la civilisation s'est bien améliorée :

« … On avait vu dans les resplendissantes cités une nouvelle race de femmes ramener sur le monde le charme caressant et lascif des voluptés orientales, raffinées encore par les progrès d’un luxe extravagant ».(p. 278-9)

… A partir du soixantième siècle surtout, le système nerveux s’était affiné et développé sous des aspects inattendus. Le cerveau féminin était toujours resté un peu plus étroit que le cerveau masculin et avait toujours continué de penser un peu autrement (son exquise sensibilité étant immédiatement frappée par des appréciations de sentiment, avant que le raisonnement intégral ait le temps de se former dans les cellules plus profondes) et la tête de la femme était restée plus petite, avec le front moins vaste, mais si élégamment portée sur un cou d’une gracieuse souplesse, si supérieurement détachée des épaules et des harmonies du buste, qu’elle captivait plus que jamais l’admiration de l’homme. (...)

… Les femmes avaient acquis une beauté parfaite, avec leurs tailles affinées, si différentes de l’ampleur hellénique, leur chair d’une translucide blancheur, leurs yeux illuminés de la lumière du rêve, leurs longues chevelures soyeuses, où les brunes et les blondes d’autrefois s’étaient fondues en un châtain roux, ensoleillé des tons fauves du soleil couchant, modulé de reflets harmonieux ; l’antique mâchoire bestiale avait disparu pour s’idéaliser en une bouche minuscule, et devant ces gracieux sourires, à l’aspect de ces perles éclatantes enchâssées dans la tendre chair des roses, on ne comprenait pas que les amants primitifs eussent pu embrasser avec ferveur les bouches des premières femmes. Toujours, dans l’âme féminine, le sentiment avait dominé le jugement, toujours les nerfs avaient conservé leur auto-excitabilité si curieuse, toujours la femme avait continué de penser un peu autrement que l’homme, gardant son indomptable ténacité d’impressions et d’idées ; mais l’être tout entier était si exquis, les qualités du cœur enveloppaient l’homme d’une atmosphère si douce et si pénétrante, il y avait tant d’abnégation, tant de dévouement et tant de bonté, que nul progrès n’était plus désirable et que le bonheur semblait en son apogée pour l’éternité. Peut-être la jeune fille fut-elle une fleur trop vite ouverte ; mais les sensations étaient si vives, décuplées, centuplées par les délicatesses de la transformation nerveuse graduellement opérée, que la journée de la vie n’avait plus d’aurore ni de crépuscule. D’ailleurs l’esprit, la pensée, le rêve dominaient l’antique matière. La beauté régnait. C’était une ère d’idéale volupté ». 

 

En 1897, il publie « Stella », un roman où l’Amour et l’Astronomie s’unissent ; en relation avec sa passion pour Gabrielle, sa jeune collaboratrice... En même temps, sa femme Sylvie fonde la Ligue de la paix et du désarmement par les femmes... Dans ce roman, il idéalise une femme qui débarque dans la solitude d'un homme qui ne vivait que de l'observation du ciel. Le coup de foudre se concrétise par une sublime nuit d’amour avec de scintillantes étoiles pour témoins.

« Les deux amants connurent ce qu’ils n’avaient jamais connu, et oublieux de la terre obscure, se trouvèrent transportés en une région de délices où, baignés de clarté, ils crurent s’endormir dans une auréole d’éternelle lumière » (Stella, p. 304).

M et Mme Camille Flammarion, dans la bibliothèque de l'Observatoire de Juvisy

En 1903 ; dans son « Astronomie des Dames », s'adressant à des lectrices, il mesure son discours :

« La femme égale l’homme en facultés intellectuelles. Écrire pour elle spécialement serait l’humilier. Ne nous targuons pas de cette prétention. Qui sait même si, en y regardant de plus près, et en nous affranchissant de tout cet orgueil masculin qui a commis plus d’une sottise, nous ne trouverions pas la femme supérieure à l’homme en finesse et en tact, au moral comme au physique, en vivacité d’impression, en puissance d’assimilation, en ressources d’imagination ; et qui sait si elle ne comprend pas plus vite que les bacheliers aux moustaches naissantes, les problèmes de l’histoire naturelle, de la physique et de l’astronomie, lorsqu’elle veut se donner la peine d’y prêter attention ? Non, n’écrivons pas pour les femmes. Ce sont elles qui pourraient nous en apprendre, car sur bien des choses, sur nous-mêmes peut-être, elles en savent plus que nous, observent mieux, voient mieux, sont plus intuitives. A bas l’orgueil du sexe prétendu fort ».

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