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Ouvrir son " salon "

Publié le par Perceval

Le salon, ou « bureau d'esprit », est une réunion dont le point de cristallisation est une femme. 42500_3.jpgLes habitués s'y rendent régulièrement mais il est ouvert aux étrangers de passage. On s'y intéresse à la littérature, aux arts, aux comédiens, à tous les sujets d'actualité. Bref c'est un lieu où les intérêts et les curiosités intellectuels peuvent librement s'exprimer.

Déjà, Madame de Lambert (1647-1733) avait ouvert son salon en 1710 ; alors qu'au château de Sceaux, on ne pensait qu'à se distraire... Pour la première fois, se rencontraient des hommes appartenant à des milieux sociaux différents et que la culture réunissait. Fontenelle, Marivaux, Montesquieu étaient ses amis les plus proches. 


mme de tencin
Madame de Tancin

Puis ce fut le salon de Mme de Tencin (1682-1749). Elle aussi avait eu une jeunesse tumultueuse Intrigues amoureuses et politiques continuèrent de remplir sa vie. Dans son salon, rue Saint Honoré, au coeur du Paris à la mode, on parlait sans doute plus souvent de politique que de littérature mais elle y développa ainsi l'art de recevoir, d'écouter, de faire parler ses hôtes. Elle savait, avec délicatesse, imposer des relations courtoises; chacun apprit à écouter l'autre, à placer ses remarques sans une véhémence de mauvais aloi. Souvent son "bureau d'esprit" s'élargissait à des visiteurs de passages, diplomates ou savants étrangers. Chez elle, écrit Marivaux: "Il n'est point question de rang ni d'état. Personne ne se souvient  du plus ou moins d'importance qu'il a; ce sont des hommes qui parlent à des hommes" (…) "Les uns y portaient le savoir, les lumières,les autres, cette urbanité et cette politesse que le mérite même a besoin d'acquérir. Les gens du monde sortaient de chez elle plus éclairés, les gens de lettres plus aimables"

Dans les salons une sociabilité, propre à ce siècle, où la conversation est tout un art de vivre. La correspondance également se veut être un prolongement de la conversation de salon. Elle a rarement un statut privé. On lit les lettres à haute voix, on les transmet ; les habitués les commente. C'est un véritable genre littéraire .

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De gauche à droite  Fontenelle, Houdar de La Motte et Saurin, sous le regard de Madame de Tencin

Vers le milieu du siècle, le processus qui mêle gens de lettres et gens du monde est irréversible.
 Autour de 1750, en quelques mois, surgissent ou s'annoncent les oeuvres majeures des Lumières. 1748 l'esprit des lois de Montesquieu.Deux ans plus tard c'est , Le Discours sur les arts ,de Rousseau... En 1750,  d'Alembert fait paraître le Prospectus qui annonce la parution de L'Encyclopédie. C'est la nouvelle génération de ceux qu'on appelle alors des philosophes (des intellectuels engagés).Ils ont préparé cette oeuvre majeure des Lumières, une victoire sur les préjugés, L'Encyclopédie.

 

Vers 1747, Madame du Deffand, à son tour, décide d'expérimenter, à son compte, la formule du salon qu'elle a patiemment mise au point durant ces longues années d'apprentissage mondain, toutes ces années pendant lesquelles elle a mis son talent au service des autres. Elle cherche où s'installer.

 Elle trouve un appartement -dans le Couvent des Filles de Saint Joseph- , celui qu'avait été occupé Madame de Montespan après sa disgrâce. Mme du Deffand a 50 ans.

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