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Marie de Régnier et Pierre Louÿs -3-

Publié le par Perceval

Le Gil Blas de mai 1895, évoque le salon des Heredia :Gil-Blas-1895.jpg

« Cependant que M. de Heredia écoute ou lit des vers dans son cabinet de travail, sa femme reçoit, aidée de ses trois filles, dont l'une d'elles, Mlle Marie de Heredia – Mariotte pour les intimes – est un poète aimé des lecteurs de la Revue des deux mondes. Elle y a en effet publié des vers ravissants empreints de modernisme fort agréable …

La vie chez le poète ne commence guère avant trois heures de l'après-midi. Mlle Marie de Heredia a même rédigé, en vers, un avertissement au visiteurs, l'informant qu'il est inutile, avant trois heures, de frapper à la porte. C'est que les filles de l'auteur des Trophées vont beaucoup dans le monde … On ne rentre que fort tard et on fait la grasse matinée. »

 

Dans les réunions de l'académie canaque, aux samedis de Mme de Heredia, à toutes les occasions, Louÿs dit des choses tendres, lui serre les mains, les bras, en insistant plus que nécessaire... Il lui écrit des madrigaux … Marie se sent fondre, mias il ne pousse jamais son avantage : malgré les encouragements de Marie, il ne se déclare pas.

facade-du-restaurant-chez-maxim-s-a-paris-en-1900.jpgMarie s'est mise en tête de passer une soirée chez Maxim's. Louÿs lui semble le cavalier idéal pour cette escapade ; mais, il n'est pas du tout d'accord. L'imprudence d'une pareille sortie l'inquiète ; elle risque d'être compromise si elle est reconnue. Il lui explique … le monde et le demi-monde se mêlent complaisamment ; les Cléo de Mérode, Eve Lavallière, Liane de Pougy, la belle Otero et d'autres sablent le champagne avec les politiciens ou les nobles qui y dépensent allègrement la dot de leur femme... En conséquence, ce n'est pas la place d'une honnête femme et encore moins d'une jeune fille... La décision de Marie est inébranlable ! Pierre réserve une table au fond de la salle … Ensuite, Marie attend... Dans le fiacre, à l'aller comme au retour, Louÿs se tient à distance, sans se permettre aucune privauté...

The-interior-of-Maxim-s-restaurant--Paris-in-1907.jpgPierre Louÿs a vécu une jeunesse libre... Sur huit cent femmes qu'il a « eu », il n'en a connu que deux qui étaient de la classe dite « honnête ». Et encore, « il a fallu vraiment que ces deux-là s'en donnent la peine », confie t-il à son frère :

«  Je sens que ce sera ainsi toute ma vie. C'est même plus général encore, comme trait de caractère : je ne demande presque jamais ce qu'on aurait le droit de me refuser. Parce que tout refus me blesse jusqu'au fond... Mais c'est bien en préférant le doute qu'on arrive à ses créer une vie stupide. Je voudrais bien trouver quelqu'un qui me donne confiance en moi... »

 

Le 2 juillet, la reine Marie, organise un pique-nique autour de l'étang de Villebon, avec ses joyeux « canaques ». Pierre et Marie, enlacés se sont éloignés dans une allée du bois … Soudain, Henri de Regnier surgit et embarrassé, bredouille que dans le petit groupe on s'est inquiété à leur sujet ...

marie-de-Regnier-01.jpg Louÿs est « pincé » comme on dit à l'époque ; mais, il est insaisissable : il s'écarte quand il atteint son but... Des bruits commencent à courir dans la famille de Marie, à leur sujet...

Mais … rebondissement ! Je résume avec ce mot écrit par Louÿs à son frère le 15 juillet :

« Mon cher Georges, les choses ont été vite pendant ton absence ! Mercredi ( 10 juillet), je t'écrivais pour te demander la permission d'épouser Marie de H. Hier matin ( 14 juillet), je prévenais Régnier de mes sentiments et de mes intentions. Le soir même, il faisait une demande pour so compte et ce matin, il était agréé. J'ai passé mon après-midi à pleurer comme un malheureux. »

N'oublions pas que Georges Louis était l'un des premiers personnages du Quai d'Orsay, et qu'il eut l'ambassade de France en Russie, c'est-à-dire, en ces temps d'alliance russe, notre première ambassade à l'étranger, un peu l'équivalent de ce qu'est aujourd'hui celle de Washington.

 

Que s'est-il passé ?

(A suivre ....) 

Sources : Marie de Régnier de Robert Fleury, chez Plon 1990

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