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Jules Grün, peintre du XIXème

Publié le par Perceval

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La fin du diner (1913), par Jules Alexandre Grun

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Jules Grün (1868-1938), animateur du théâtre d’ombres montmartrois, dessinateur satirique, affichiste et peintre, édifie en 1910 son Manoir des Girouettes au Breuil-en-Auge (Calvados). Pas moins de 135 affiches portent sa griffe alliant l’humour à l’élégance.

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GRÜN Jules Alexandre: Un vendredi au Salon des artistes français. 1911

Zola, L'oeuvre (extrait ) « .. le peintre, célèbre, riche, qui recevait devant son oeuvre, un sourire de triomphe aux lèvres, d'une galanterie affichante avec les femmes, dont il avait une cour sans cesse renouvelée;

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Daumier

puis, les autres, les rivaux qui s'exècrent en se criant à pleine voix des éloges, les farouches guettant d'une porte les succès des camarades, les timides qu'on ne ferait pas pour un empire passer dans leurs salles, les blagueurs cachant sous un mot drôle la plaie saignante de leur défaite, les sincères absorbés, tâchant de comprendre, distribuant déjà les médailles; et il y avait aussi les familles des peintres, une jeune femme, charmante, accompagnée d'un enfant coquettement pomponné, une bourgeoise revêche, maigre, flanquée de deux laiderons en noir, une grosse mère, échouée sur une banquette Au milieu de toute une tribu de mioches mal mouchés, une dame mûre, belle encore, qui regardait, avec sa grande fille, passer une gueuse, la maîtresse du père, toutes deux au courant, très calmes, échangeant un sourire; ...   et il y avait encore les modèles, des femmes qui se tiraient par les bras, qui se montraient leurs corps les unes aux autres, dans les nudités des tableaux, parlant haut, habillées sans goût, gâtant leurs chairs superbes sous de telles robes, qu'elles semblaient bossues à côté des poupées bien mises, des Parisiennes dont rien ne serait resté, au déballage. (...) dans le salon d'honneur. On s'y écrasait, maintenant. Le Paris célèbre, riche, adoré, tout ce qui éclate en vacarme, le talent, le million, la grâce, les maîtres du roman, du théâtre et du journal, les hommes de cercle, de cheval ou de Bourse, les femmes de tous les rangs, catins, actrices, mondaines, affichées ensemble, montaient en une houle accrue sans cesse; ...  (…)

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Daumier

Déjà, l'envie était à l'oeuvre: le monsieur qui fait de l'esprit avec les dames: celui qui, sans un mot, regarde, hausse terriblement les épaules, puis s'en va; les deux qui restent un quart d'heure, coude à coude, appuyés à la planchette de la cimaise, le nez sur une petite toile, chuchotant les bas, avec des regards torves de conspirateurs. (…) Deux grosses dames, la bouche ouverte, bâillaient d'aise. ...  

De vieux messieurs arrondissaient les yeux, d'un air entendu. Un mari expliquait tout bas le sujet à sa jeune femme, qui hochait le menton, dans un joli mouvement du col. Il y avait des émerveillements béats, étonnés, profonds, gais, austères, des sourires inconscients, des airs mourants de tête. Les chapeaux noirs se renversaient à demi, les fleurs des femmes coulaient sur leurs nuques. Et tous ces visages s'immobilisaient une minute, étaient poussés, remplacés par d'autres qui leur ressemblaient, continuellement." 

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Jules Grün est l’auteur du vaste tableau du Musée des Beaux-Arts de Rouen : Un vendredi au Salon des Artistes Français (1911), jour de vernissage où se presse tout le gotha artistique de la «Belle Époque». Eugène Tardieu estime alors dans la revue La vie artistique : Cet ancien Montmartrois est l’observateur le plus aigu de la vie moderne, cette barbe noire de mage assyrien est la plus parisienne des barbes... 

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Le diner Jeune bretonne dans son intérieur


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