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Sainte-Beuve aime Adèle, la femme de Victor Hugo. - 3

Publié le par Perceval

Admirateur de Victor Hugo, Sainte-Beuve est donc devenu un familier de la rue Notre-Dame-des-Champs, nous sommes entre 1827 et 1830... Il n'est pas insensible aux charmes de la pieuse Adèle, jusqu'à – semble t-il – détrôner l'époux-roi dans ses sentiments …

Cette femme, belle, lumineuse, inaccessible… est la femme d'un écrivain de génie... lui aussi est poète. On s'est demandé s'il pensait ainsi s’approprier une parcelle du génie de l’autre en lui volant sa femme…

Adèle a du mal à trouver sa place dans l'atmosphère d'amitié virile du Cénacle ; et Sainte-Beuve a plus de délicatesse que le mari qui ne la considère pas comme une interlocutrice sérieuse.

Elle, épuisée par plusieurs grossesses rapprochées, souhaitent peut-être réinventer l'amour... On dit, que Sainte-Beuve, lui, souffrait d'une malformation et ne pouvait rivaliser avec la virilité de Victor... Adèle l'appelle ''Charlotte'', et la comble sans la brutaliser …

En 1830, confiant en l'attachement d'Adèle, il révèle à Hugo, son amour pour elle … Hugo feint de ''pardonner'' … ! Par la suite, il va devenir difficile aux deux amants de se rencontrer …

Pardonner... Hugo, par orgueil, sait qu'Adèle lui reviendra … Et, c'est Sainte-Beuve, qui sera humilié ; à partir de ce moment il déteste Hugo, et continue de revoir Adèle, seule … Adèle aussi se sent offensée ; alors, elle s'abandonne, se fait perverse et ne fait plus l'amour ailleurs, mais chez elle, à son domicile... Sainte-Beuve tient sa vengeance...

 

Extrait de la pièce : ''Etat critique'' , mise en scène d'Eric Civanyan et texte de Lichel Lengliney - 2002 – interprétés par: Gérard Jugnot, Annick Alane et Hélène Seuzaret. S'obstiner à séduire la femme d'un génie quand on a ni la beauté, ni le talent, ça vous met dans un état critique.

Furieux, Sainte-Beuve regarde un portrait de Victor Hugo et l’invective devant sa femme, Adèle…

SAINTE-BEUVE - Il est là qui nous observe, qui nous nargue. Regardez sa beauté : front immense, autorité altière, abondance de la chevelure, grands yeux noirs, deux prunelles d’aigle, sourire carnassier… C’est un fauve !
ADELE - Mais vous…
SAINTE-BEUVE - Mais je quoi ? On joue au jeu des portraits ? Jouons ! Ma santé est boiteuse, mon pouls indolent, ma pâleur celle d’une jeune fille impubère, ma mélancolie me rend infirme à la vie, la proéminence de mon nez a le pointu d’un signet pour marquer les pages d’un mauvais ouvrage, mon dos est voûté, rond… Comme si la pureté d’une ligne droite m’était injure, la verticalité n’étant réservée qu’aux élites… Madame, je pourrais, à l’envi, varier le croquis mais de quelque manière que l’on prît la chose, le résultat ne manquerait pas d’affliger. À un certain seuil de disgrâce, on s’en devrait aller cacher comme un chien sous un meuble pour fuir les regards ! Adieu madame…

 

Sainte-Beuve va pour partir. Adèle le retient…
ADELE Vous allez vous trouver mal. Vous avez les joues tout empourprées…
SAINTE-BEUVE - Je suis désolé… Pourquoi me gardez-vous après tout ce que je vous ai dit ? Oui, pourquoi, pourquoi ?


ADELE Parce qu’en temps ordinaire, vous savez écouter, m’écouter, parce qu’une oreille attentive n’est pas sans charme, parce qu’il n’y a pas la beauté mais des beautés, parce qu’il faut respecter les desseins de Dieu qui s’est exprimé de façon disparate, parce que votre œil est vif, acéré, parce que la qualité d’un regard vaut largement le ciselé d’un nez, parce que je n’aime pas votre discours sur la verticalité, parce que la droiture d’une âme recèle sa verticalité propre, parce que la courbe n’est pas à proscrire, parce que la courbe est harmonieuse, parce qu’une caresse n’est pas droite, parce qu’un sein qui s’offre est rond, parce que le contour d’une hanche invite au plaisir de par sa courbe même, parce que, parce que, parce que… Je suis fatiguée, Charles…


Un silence. Puis Sainte-Beuve qui ose, sur le souffle :
SAINTE-BEUVE C’est… c’est une déclaration ?
ADELE Une constatation…

Hugo 1929

 

Mais … Sainte-Beuve, croyait en critiquant férocement l'auteur, défendre une épouse bafouée... Il s'attaque au ''génie'', et blesse sa femme... Qu'importe qu'il y ait Juliette ; elle veut elle aussi être utile à l’œuvre du vrai poète … L'amant est congédié ...

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